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Lui – mais non madame, ce n est pas un champignon.

Elle – pas un champignon? Alors elle s’est trompée et le toubib avait raison?

Lui – c’est une partie de l ongle qui est mort par la superposition constante d un autre orteilles dans la chaussure.

Le toubib avait dit – une partie de votre ongle est mort, cela peut être dû à un coup, vous faites du sport? Du jogging?

Elle avait dit – c’est un champignon, c’est extrêmement contagieux, désinfectez votre coupe-ongle, votre lime, ne les prêtez pas. Dormez avec des chaussettes, vous risquez d’infecter votre mari.  Infecter mon mari? Cela tombait bien, je pensais à le quitter. Peut-être est ce lui qui me quitterait.

– et surtout pas de vernis à ongles, cela favorise la prolifération de ces indésirables.

– ce sera long, il faut être méticuleuse, cela va prendre du temps pour en venir à bout.

Méticuleuse, patiente, des qualificatifs que l’on ne m associe pas spontanément, mais je suis motivée.

Me voila donc avec un objectif précis à atteindre; pouvoir mettre du vernis à ongles cet été sur mes doigts de pied, ce que je n ai jamais fait, et le rejoindre, le séduire.

Me voila donc acharnée aux soins, Tea Tree à chaque sortie de douche, méticuleusement, entre l’ongle et la chair,interstice inexistant. Interdiction à ma fille d utiliser mon matériel de manicure.

Et je m’enduis les orteilles en pensant à lui, à notre future rencontre.

Quand je serai venue à bout de ce champignon, ce sera le signal, je serai prête.

La rencontre n aura jamais lieu, :-(. Je n’ai pas osé le premier pas quand l’occasion s’est trop vite présentée, moi, infectée que j’étais.

Non, pas en chaussettes!

La rencontre n’a pas eu lieu, le fantasme reste entier.

Aujourd’hui j’apprend que je me suis privée de cette rencontre, j’ai boycotte mon élan, champignoneuse que je me croyais.

Visite chez le podologue.

 

Tissages

Ca fait des années que je n’ai plus ouvert ma boîte à souvenirs. J’y récolte depuis toujours des instants précieux, des fragments de petites choses sans importance. Je conserve en fait ma trace, mon empreinte de vie.

Je retrouve en images ces dernières années: tickets de métro, photos d’identité, cartes d’anniversaires, lettres de mes amis…

Une photo écrabouillée, mise en poussières attire mon attention… J’essaye d’y voir quelque chose, mais j’ai tellement griffé la photo qu’on n’y voit pas clair du tout. Sur le verso, il est inscrit: « T’es géniale! Bisous »

Non. Le souvenir caché au plus profond de mon océan de larmes fait irruption. Je ressemblais déjà à une fontaine aux yeux rouges.

Je me souviens soudainement que les relations sont fugaces. On souffle dessus et elles s’envolent. Ma boîte à souvenirs les coud entre elles.

Je fais du tissage.

Conte parfumé

Viens mon tamby, mon petit frère, je vais te conter le secret des fleurs…

Toute sa petite vie, Pravi avait embrassé des milliers de pétales orange, jaune, rouge.

« Venez par ici mes fleurs chéries, que je vous enlace avant de vous dire au revoir! »

Pravi offrait ses fleurs aux nombreux visiteurs du temple venus faire une puja (offrande à une divinité en Inde).

« Bon voyage mes sucreries! Puissiez-vous rendre les gens heureux! »

Un jour, le cuisinier du village vint rendre visite à Pravi. « Les fleurs c’est inutile : ça ne nourrit même pas! »

Tout à coup, les pétales oranges s’envolèrent jusqu’au coeur du cuisinier et il se mit à rire, rire, rire! « Vois comme mes amies nourrissent ton coeur: il avait faim! »

Un soir de pleine lune, Pravi se promenait dans le village. Ca grouillait de foule comme il aimait. Ses yeux papillonnaient comme ceux des enfants qui découvrent le monde. Pravi remarqua un homme à lunettes à l’écart des autres.

« Acceptez ma guirlande jaune d’or, cher monsieur. Elle rendra peut-être votre vie plus joyeuse! »

L’homme ricana: « Comment croire que tes fleurs m’apporteront le bonheur alors qu’elles ne me rapportent pas d’argent! Qu’imagines-tu? »

Sans écouter sa réponse, Pravi lui passa un collier de pétales autour du cou. Le costume noir de l’économiste se mit à brille, briller, briller!

Tout le monde commençait à connaître Pravi-qui-rend-heureux-avec-des-fleurs. Une marée de personnes se retrouvait devant son échoppe.

Il ne savait pas où regarder. En haut! En bas! A gauche! A droite! Il y avait des mal-aimés partout!

A l’heure où le jour se fanait, Pravi crût voir un mirage. Une jeune fille écarlate de la tête jusqu’au petit orteil s’avançait vers lui.

Immédiatement, Pravi posa une fleur rouge-ardent sur ses lèvres.

Des millions de pétales étincelants descendirent dans les rizières. On vint ramasser les fleurs.

(rires)

Bonne nuit tamby!

cocofinalrecto

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Immeuble en déconstruction

voile levé

strate d’ un passe

futur en devenir