D’ordinaire la ville #1

Un homme fait sa toilette à deux pas d’un hôpital, à deux pas d’un centre commercial.
Il remet son pantalon au-dessus de ses dessous mouillés, le corps fumant.
D’ordinaire la ville à heure-là pressée, les boulevards bruissant n’y ont vu que du feu.

5 février 9h15

Imaginez-vous,

Imaginez-vous,
Une ville où personne ne vous ouvre la porte par hasard.
Une ville où personne ne vous attend,
Une ville où vous ne pouvez plus asseoir à l’abri des regards.
Une ville à la fois vaste comme un désert et étroite comme un placard
Vous pouvez aller partout, et nulle part. Parce qu’ailleurs comme ici, il ne se passe rien.

Imaginez-vous,
Une ville où la nuit est confisquée, interdite, morte, …
Une ville où il n’existe plus le hasard qui fait les rencontres
Une ville qui ne se parle plus, qui ne s’entend plus, qui ne danse plus
Une ville qui pleure seule dans les cimetières, une ville qui ne se console plus

Imaginez-vous,
Une ville où tous nous soyons des suspects potentiels
Une ville où s’exerce une surveillance mutuelle
Une ville qui n’a plus besoin des sirènes des autorités
Une ville où l’autre un danger pour les passants inconnus

Imaginez-vous,
Une ville où les premières amours sont en suspend
Les premiers baisers en attente, plus incertains qu’auparavant
Quand ils étaient volés dans les nocturnes évasions
Et au milieu d’une foule indifférente.

Imaginez-vous,
Une ville où à ceux à qui on promet l’avenir sont à l’isolement
Ceux-là qui ne peuvent pas se dire en chuchotant ou en hurlant
Des lendemains de leurs rêves
Imaginez-vous le monde qui ne rêve plus, qui ne se rêve plus
Imaginez-vous que l’horizon soit une courbe de variations incertaines.

2 novembre 2020

Suisjeki

À A.D

Profondément humaine,
À ton humilité, à ton intelligence.

Je me souviens de ces soirs, des moments volés au quotidien bête et assassin. En bande organisée, nous prenions à l’assaut les Halles. À côté, voutée, coulait la Senne, au-dessus coulait cette douce lumière d’un été finissant.

Je me souviens de ta colère face à l’injustice, aux absurdités consenties, et de la joie que le bonheur de l’autre pouvait te procurer. Et quand la lutte devenait rude sourde, toi t’étais parée de couleurs pour passer au travers.

Maintenant, sans doute que tu passes tes soirs à allumer les étoiles.

Moments et fragments

Moments et fragments de vie,

Des vies qui se racontent

Des instants sublimes et lumineux.

« S’il y a un espoir au delà du désert ».

Moments et fragments de vies,

Des vies qu’on décompte

Un conte qui mal fini.

Des instants d’ombres et de gris.

Moments et fragments,

il y a des morceaux de soi derrière

voyager léger, la survie et l’oubli.

« On voit de loin derrière le désert ».

Moments et fragments,

C’est tout ce qui nous reste qui se noie

C’est le monde en émoi, qui vite oubli.

 

(…)

Ma boite aux lettres est pleine à craquer —

Dimanche 26 mai, on ira voter. Les candidats de tout bord se sont souvenu de notre existence. Pourtant, depuis 2014, j’ai beaucoup de mal à me souvenir d’un seul d’entre eux qui eut la courtoisie de nous envoyer un petit mot de remerciement, ou un petit mot d’excuse qui dirait par exemple : « Chers citoyens, chères […]

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